Un point sur la logistique des feux "déo"

Publié le par mikris

Voici la copie d'un article paru ce matin sur clicanoo.re sur toute la logistique necessaire à la lutte contre les incendies du haut de notre belle île...

 

Impréssionant !!

 

 

Les chiffres fous d’un feu hors norme

  • Clicanoo.re
  • publié le 11 novembre 2011
  • 06h17
Les chiffres fous d'un feu hors norme

Qui dit feu hors norme dit moyens démesurés. Des lacets de rechange au carburant en passant par les boîtes de cirage, la logistique tient un rôle de premier ordre dans la lutte contre le feu qui sévit depuis 17 jours maintenant dans les hauts de l’Ouest. Tour d’horizon de tous les moyens exceptionnels mis en œuvre qui ont transformé la Maïdo en une ville de haute montagne.

 

1 600 couvertures et 1 200 lits picot

Ils sont au front depuis le début de l’incendie. Plus de 600 pompiers ou militaires de la Sécurité civile, dont 429 venus de métropole en renfort, répartis entre le front et la base arrière. Il y a les hommes qui sur le terrain luttent contre les points chauds. Il y a ceux qui assurent la logistique. Ils sont 15 sur le PC du chemin des Tamarins. Il y a le commandement dont le poste principal est installé à la Petite France. Les hommes en première ligne assurent des gardes de 48 heures entrecoupées de moment de repos. Ils peuvent dormir un peu dans les 1 200 lits picot répartis sur deux sites. 1 600 couvertures sont également prévues. Dans les hauts de l’Ouest, la température chute rapidement. On rencontre 25 tentes un peu partout dans les hauts sur les PC ouest, sud, est, PC logistique et PC opérationnel. L’électricité est produite par 5 groupes électrogènes.

 

1 600 repas par jour et 2 000 dosettes de café

Tout ce monde, il faut le nourrir. C’est un des gros morceaux de la logistique. Le midi, le service est assuré par la cuisine centrale qui confectionne 900 repas. Les menus sont assez variés. Par exemple, mardi midi, il y avait du cabri massalé, du cerf, du porc au poivron, des pâtes, de l’omelette. Le riz proposé au début de l’incendie a rapidement lassé les renforts de métropole. C’est pour cette raison que les pâtes ont été intégrées à l’alimentation. Les 700 repas du soir sont assurés par un traiteur. 2 000 dosettes de café sont également utilisées par jour. Les hommes ont droit à deux boissons sucrées par jour, Coca ou Cot, et à deux barres chocolatées. 4,5 litres d’eau sont prévus chaque jour par homme pour ceux qui travaillent sur le front (soit environ 2 250 litres par jour) et 3 litres pour le personnel de la base arrière. La nourriture est gérée par la Croix-Rouge.

 

Santé et hygiène : 22 W-C en cabine

Dans le poste médical avancé (PMA) de la Petite-France, "il y en a pour gérer la bobologie ou pour les urgences les plus graves" explique le médecin chef Patrick Lallemand du SDIS 974. Pansements, oxygène, désinfectants. Plusieurs VSAV (ambulances des pompiers) sont en première ligne pour venir en aide aux pompiers qui seraient blessés. Il y en a un au niveau du Gîte des Tamarins, un deuxième sur le parking du Maïdo, et un autre à la Ravine des Colimaçons. Mercredi soir, on en comptait 69 personnes blessées durant l’incendie. Les trois Détachements d’intervention héliportés (DIH) sont médicalisés. Ces soldats du feu spécialisés dans ce genre de catastophe sont en permanence suivis de médecins. Question hygiène, il a aussi fallu penser à l’évacuation des besoins naturels. Des W-C cabines comme ceux qu’on croise sur les différentes manifestations ou festivals ont été loués. Il y en a 22 sur l’ensemble du terrain. 10 000 sacs poubelles ont également été achetés.

 

300 tuniques vertes sur le terrain tous les jours

Équipés de pelles, de pioches ou encore de tronçonneuses, quelque 300 hommes sont mobilisés quotidiennement pour réaliser des zones pare-feu ainsi que des pistes afin de permettre aux pompiers d’avancer au plus près des foyers. L’Office national des forêts (ONF) mobilise quotidiennement entre 70 et 80 agents forestiers en moyenne, parmi lesquels une quinzaine d’encadrants. Sous leur responsabilité, un peu plus de 200 hommes et femmes : des militaires des Fazsoi aux employés sous contrat dans les communes de l’Ouest et du Sud, en passant par les volontaires œuvrant habituellement au sein d’une demi-douzaine d’associations.

 

20 GPS pour la communication et la géolocalisation

Comment centraliser les informations et les tenir à jour en temps réel. C’est la question à laquelle Laurent Rivière, informaticien du SDIS, a dû répondre. Fort de l’expérience du feu 2010, il a créé un tableau en réseau rempli par trois personnes. Il permet de visualiser le nombre de véhicules au front, le nombre d’homme en action et leur emplacement exact. Les informations sont envoyées des différents secteurs par liaison satellite, le réseau 3G étant totalement inexistant dans les hauts de l’ouest. Deux box internet ont été installés ainsi que 8 lignes téléphoniques et un standard. Les deux box font aussi office de hot spot ce qui permet de connecter les ordinateurs en Wi-Fi. Le GPS est aussi un moyen technique utilisé. La société RDtronic en a fourni gratuitement une vingtaine. Ils sont utilisés par les hélicoptères pour repérer les points chauds et donner des points précis pour l’intervention au sol et les largages des Dash 8.

 

50 km de tuyaux et 70 tronçonneuses

L’équivalent de Saint-Denis Saint-Leu en longueur de tuyaux. Cinquante kilomètres. Voilà ce qui serpente les hauts de l’ouest. Tous diamètres confondus, les hommes manient de longues lignes compte tenu de la configuration des lieux. Il faut souvent marcher pour atteindre les points chauds. Des lignes font parfois presque deux kilomètres de long. Chaque jour, c’est plus de 1 000 m3 d’eau qui sont ainsi déversés par les pompiers. Plus de 70 tronçonneuses sont aussi utilisées pour le bûcheronnage. Ce qui nécessite aussi une réserve de chaînes et de boulons pour parer à la casse. Une centaine de sabres et des bulldozers sont en action. 150 sous-pompes servent aux soldats du feu tous les jours.

 

91 largages pour les Dash

Les Dash font désormais partie du ciel réunionnais. Les deux bombardiers d’eau de la Sécurité civile ont continué, hier, leur mission même si, en raison de la météo, les avions ne peuvent être utilisés toutes la journée. Hier soir, les deux Dash avaient effectué un total de 91 largages d’eau au-dessus des feux du Maïdo. Difficile toutefois de convertir ce chiffre en litres d’eau. Car tous les largages ne consistent pas à déverser d’un coup les 10 000 litres d’eau embarqués à bord. Impossible en revanche de connaître le nombre de largages effectués par les hélicoptères. Mais on sait que juste avant l’arrivée des Dash, six hélicoptères ont été mobilisés durant la même journée pour des largages. Dans le même temps, trois autres ont été utilisés pour transporter du personnel.

 

Trois millions d’euros en 2010, combien en 2011 ?

Trois millions d’euros : cela avait été la facture de l’incendie du Maïdo en 2010. Le coût de l’intervention qui ne comprenait pas toutes les opérations de restauration. Deux millions avaient été pris en charge par le SDIS avec notamment une grosse note pour la location des hélicoptères bombardiers d’eau. Le million restant était sorti des caisses de l’État.

Alors combien de millions pour 2011 ? Impossible de répondre avec précision, répond la préfecture. Avant tout parce que l’intervention est loin d’être terminée. "Nous ne voulons pas avancer de chiffres, cela serait imprudent. Car nous n’avons pas de visibilité sur l’ensemble des dépenses". Dans l’urgence, des réquisitions et des bons de commande ont lancé. Mais toutes les opérations comptables n’ont pas été centralisées. Seule certitude, l’incendie 2011 coûtera bien plus cher que celui de 2010 en raison des moyens déployés. Les renforts de métropole ont été bien plus nombreux. Et deux Dash au lieu d’un ont été envoyés.

 

3 050 litres de gazole par jour pour les véhicules

Le SDIS a 80 véhicules mobilisés sur cet incendie hors norme. La configuration des lieux a nécessité toute une logistique concernant les éventuelles réparations et l’entretien. Deux mécaniciens du SDIS sont à pied d’œuvre depuis le début de l’incendie assistés d’une société extérieure qui assure les réparations. "Nous avons des véhicules qui sont repartis sur des plateaux" appuie le commandant Johnny Morin, chef du PC Logistique. Tout le matériel nécessaire aux interventions est donc stocké sur le site du chemin des Tamarins. Une station essence a aussi été créée. Chaque jour, elle délivre, tous véhicules compris (ONF, pompiers…) 3 050 litres de gazole. Les deux pompes sont réapprovisionnées tous les deux jours.

 

Une centaine de gendarmes mobilisés au Maïdo et ailleurs

Comme les pompiers, les gendarmes ont déployé des moyens exceptionnels au Maïdo pour conduire des patrouilles mais aussi pour retrouver le ou les incendiaires. Sous l’autorité du colonel Michel, une cellule d’investigations a été mise en place comprenant une quinzaine d’enquêteurs de différentes unités. Au-delà du feu du Maïdo, la gendarmerie doit faire face à une recrudescence de feux allumés un peu partout dans l’île. L’œuvre de pyromanes, de plaisantins, d’imprudents ou encore d’agriculteurs voulant pratiquer l’écobuage. Depuis le 25 octobre, la gendarmerie a recensé 59 incendies volontaires, dont une minorité de feux accidentels. "Nous avons mis en place un dispositif très réactif pour procéder à une enquête judiciaire", indique-t-on à l’état-major de la gendarmerie. Les responsables s’exposent à de sévères sanctions. La pratique de l’écobuage est passible d’une amende de 750 euros. Et un incendie ayant entraîné des destructions par violation d’une règle de prudence ou de sécurité constitue un délit. La lutte contre les incendies mobilise actuellement une centaine de gendarmes tous les jours, Maïdo et partout dans l’île. Un escadron de 76 gendarmes mobiles d’Aubervilliers est arrivé en renfort hier. L’hélicoptère de la section aérienne appuie le travail de surveillance et d’enquête : 34 missions ont été réalisées depuis le début de l’incendie pour 37 heures de vol.

 

Une “pelle araignée”...

...figure parmi la quinzaine d’engins mobilisés par l’ONF pour permettre aux hommes d’avancer dans la forêt et empêcher le feu de progresser. On dénombre des pelles de 40 tonnes, des bulldozers, deux tractopelles mises à disposition par les communes de Saint-Leu et de Saint-Paul, ainsi que des tracteurs-grumiers et des tracteurs-forestiers.

 

10 paires d’yeux rivés sur les espèces endémiques

Le Parc national envoie dix hommes chaque jour au Maïdo pour faire du travail d’information et de surveillance. Ils circulent sur le site en possession de leurs téléphones et de leurs cartes IGN pour renseigner les pompiers sur les zones "à enjeux majeurs" qu’il faut protéger du feu. C’est donc eux qu’on consulte, avec l’ONF, lors de la réalisation de pistes et de tranchées afin de réduire, dans la mesure du possible, l’impact écologique. Les deux agents médiateurs du cirque de Mafate font partie de l’équipe. Ils étaient montés jusqu’au Maïdo lors du départ de l’incendie, avant de redescendre plus tard prévenir la population d’Îlet aux Orangers quand le feu a descendu dans les remparts et a alors provoqué des éboulis. Ces agents sont également là pour mettre en garde les randonneurs, qu’on croise encore beaucoup aux alentours du site sinistré.

Signe positif : la première relève des renforts



Les pompiers restent très optimistes. Les feux du Maïdo pourraient être sous contrôle ce week-end. Hier, la situation a continué d’évoluer favorablement. "Le feu du Piton des Orangers est éteint et celui des Bénares est désormais circonscrit", indiquait la préfecture.



Les points chauds et les lisières actives se trouvent toujours dans le secteur de Trois-Bassins. Le travail des pompiers se concentrent toujours là. Leur souci reste les feux de sous-sol.



L’évolution favorable permet donc à l’état-major des pompiers et de la Sécurité civile d’organiser une relève partielle des renforts. Entre le 10 et le 15 novembre, 308 personnels vont repartir vers la métropole. Parmi eux, 241 sapeurs pompiers venus de 40 SDIS métropolitains, 10 militaires des marins-pompiers de Marseille et 57 membres des formations militaires de la Sécurité civile.
Ils seront en partie remplacés par 132 sapeurs-pompiers qui arriveront dimanche et lundi.



Leur mission sera de poursuivre, avec les personnels sur place, "le travail de traitement des lisières et des points chauds, ainsi que l’extinction des espaces parcourus par les flammes".

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Publié dans Ile de La Réunion

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